Homo sapienne

Niviaq Korneliussen

La Peuplade

  • Conseillé par (Libraire)
    1 mars 2018

    Pas pour les touristes.

    "Ce livre n'est pas pour les touristes" a dit un journaliste à propos d'Homo sapienne, et c'est tout à fait vrai. Parce que si en achetant ce livre groenlandais, vous vous attendez à voyager dans de grands espaces enneigés, à chasser le phoque en tapant sur des tambours rituels, vous allez être déçu.

    Ici, c'est une romancière qui n'a pas trente ans qui vous parle. Et être jeune et vivre au Groenland, ça n'est finalement pas très différent que partout ailleurs. On aime, on souffre, on rit, on cherche sa place dans un monde dont on commence à peine à saisir les contours et qu'on explore par réseaux sociaux interposés. Et si Homo sapienne est un livre stupéfiant, ça n'est pas parce qu'il est groenlandais, c'est surtout parce qu'il réussit à mettre le doigt sur ce doux malaise d'une génération, à l'identité floue, aux désirs sexuels contradictoires. On y parle du Groenland bien sûr, car avoir un pays, c'est aussi savoir qui on est, et ces considérations ont nécessairement une place dans l'imaginaire en construction de ces jeunes, mais cette incertitude se mêle à toutes les autres, et vous ne trouverez aucune thèse dans ce livre trop sensible pour être politique, ou trop politique pour être vraiment militant.

    Roman choral qui nous place au plus près des sentiments et des douleurs de ces jeunes en quête, Homo sapienne est aussi une prouesse stylistique, innovante, qui fait feu de tout bois, de toutes les formes littéraires disponibles, lesquelles répondent aux multiples moyens de communication de cette génération née avec Internet et la discussion permanente. C'est expérimental parfois, poétique souvent, on y parle anglais, groenlandais, danois. Ca ne ressemble en tout cas à pas grand chose que vous ayez déjà lu et rien que pour ça, ça mérite le détour.


  • 8 avril 2018

    Nous sommes à Nuuk (Groenland) mais nous pourrions tout aussi bien être à Paris, Madrid ou Quiberon...
    Au travers de ces 5 personnages vivant de profonds changements, Korneliussen nous parle d'amour, de désir... De la vie.
    Une écriture brute et poétique, incisive et belle. Sentiment d'un texte écrit dans l'urgence mais totalement maitrisé qui donne à ce récit une incroyable universalité. Superbe !